ACTA Gironde – Antispécisme, Véganisme et Droits des Animaux

Corrida

DE QUOI S’AGIT-IL ?

La corrida se déroule généralement en 3 temps.

En premier vient le picador. De son cheval, il sera chargé de débuter le spectacle. Il blessera d’abord le taureau à l’aide de longues piques présentant des pointes d’acier qui lui sectionneront les muscles du cou.

Le taureau ainsi affaibli, le picador facilite le travail du banderillero, qui enchainera une dizaine de minutes plus tard avec les banderilles. Présentant un embout en forme de harpon, décorées de fleurs, elles viennent se planter sur le dos de l’animal, ajoutant une touche de folklore à ce sinistre spectacle. Le but est de provoquer une hémorragie et d’affaiblir au maximum le taureau.

Vient le moment tant attendu du public, l’entrée du torero. Celui ci attire et dirige les charges du taureau à l’aide de son étoffe rouge, ridiculisant et humiliant un peu plus ce pauvre animal à bout de forces. La mise à mort se fait avec une épée. Si celle-ci est réussie du premier coup, on dira que le ce dernier a « bien tué ». Le public se lèvera éventuellement à la fin pour l’autoriser à prélever une oreille, deux oreilles, ou même la queue, trophée suprême. Si c’est raté, et qu’il faut retirer l’épée et la replanter, le public mécontent jugera qu’il s’agit là d’un mauvais torero et que ce n’est pas respectueux envers l’animal. Il faut oser.

Un « art » pour certains, de la torture pour d’autres, la corrida est très souvent décriée en raison des souffrances qu’elle inflige. Du Mexique en passant par l’Espagne, le Portugal ou encore chez nous, dans le sud de la France, ce « jeu » consiste à laisser un torero affronter un taureau. Au cours d’une corrida, ce sont en général six taureaux qui sont combattus et mis à mort.

La corrida en 60 secondes

LE TRANSPORT

Les taureaux sont transportés généralement du sud de l’Espagne vers les villes taurines et c’est une épreuve douloureuse. En effet, ces transports peuvent durer plusieurs jours, sur un plan incliné pour les fatiguer, sans nourriture, ni boisson. C’est ainsi qu’en 2001, plusieurs taureaux ont été retrouvés sans vie dans ces camions (déshydratation et asphyxie).

LA PRÉPARATION AU COMBAT

Les cornes sont parfois sciées à vif sur 5 à 10 cm, engendrant des douleurs terribles pour le taureau (aussi douloureux que de tailler des dents à vif pour un être humain). Elles sont reconstituées avec de la résine et cela est invisible à l’œil nu. Les matadors le réclame car le taureau perds la notion d’espace et est totalement désorienté. Cela s’appelle l’Afeitado. C’est illégal mais impuni en France.

Ce n’est pas systématique, mais ces pratiques sont monnaie courante :

  • yeux enduits de vaseline pour désorienter les taureaux
  • utilisation de tranquillisants et même des sprays paralysants
  • pattes enduites d’essence de térébenthine (brûlures insupportables), dans le but de les empêcher de rester immobile
  • aiguilles cassées dans les testicules, afin d’empêcher les taureaux de s’asseoir ou de s’affaler
  • coton enfoncé dans les narines qui descend jusque dans la gorge, afin de rendre plus difficile la respiration
  • sabots limés, voire incisés dans lesquels on enfonce des coins de bois entre les onglons
  • avant l’entrée dans l’arène, chute de sacs de sable de 100 kg sur les reins pour les affaiblir

LES NOVILLADAS

Ce sont des corridas, à  la différence que les toreros sont débutants (les « novilleros ») et que les taureaux sont des jeunes de 2 ou 3 ans (les « novillos »).

Pour les organisateurs, cela est très avantageux : les cachets des toreros inexpérimentés ou inconnus du public sont faibles voire même inexistants ; il y a souvent absence de picadors pour les novilladas, dites « non piquées » (et donc personnel en moins) ; les jeunes taureaux sont bien moins chers à l’achat. Tout cela est donc bien moins coûteux. Il faut savoir que le nombre de novilladas augmente chaque année en France.

LES CHEVAUX AUSSI…

Le cheval du picador est soit disant protégé par un lourd caparaçon. Mais lorsque le taureau charge, il arrive que le cheval soit blessé, et le public assiste alors à des éventrations.

HISTOIRE & LOI

La corrida tient ses origines du 18ème siècle dans les pratiques des seigneurs de guerre espagnols qui s’entraînaient sur des bovins en les transperçant de lances (origine de la pique lors des corridas) ainsi que des apprentis bouchers sadiques et désœuvrés qui torturaient des bovins avant de les abattre dans les abattoirs Andalous à peu près à la même période.

Les taurins prétendent que la corrida est une tradition ancienne. En fait, c’est le 21 août 1853 que la France découvre pour la première fois la corrida, à Bayonne précisément. Parmi les spectateurs figure l’épouse espagnole de Napoléon III, l’impératrice Eugénie de Montijo, à l’origine de cette initiative. Dès son introduction, la corrida a été interdite, tombant sous le coup de la loi Grammont de 1851. En réalité, cette pratique n’est autorisée par dérogation que depuis 1951 ! Pendant plus d’un siècle, les corridas se sont déroulées dans l’illégalité la plus totale

La corrida est donc de nos jours autorisée, au titre de « tradition ininterrompue », dans certaines zones de 11 départements du sud de la France, soit moins d’un dixième du territoire. En dehors, elle est illégale. Sur 90% du territoire national, le torero risque jusqu’à 2 ans d’emprisonnement et 30 000 euros d’amende. Cette dérogation à la loi se trouve dans l’alinéa 7 de l’article 521-1 du Code Pénal consacré aux « sévices graves » et « actes de cruauté » envers les animaux domestiques.

SONDAGES

Les Français sont majoritairement contre.

En France, d’après le sondage IFOP de 2015, 73 %  des Français se revendiquent favorables à l’interdiction de la corrida (67% en 2010). Les chiffres du sud-est et du sud-ouest ne se démarquent pas du reste de la France.

« Quand la corrida avance,
c’est l’humanité qui recule. »
Francis Cabrel

LES ENFANTS

Dès leur plus jeune âge, les enfants sont emmenés aux corridas. Souvent en pleurs, ils en ressortent traumatisés. La pression familiale et la fierté propre au milieu taurin les obligent à se plier à cette sortie sanglante. Très rapidement, la souffrance, l’horreur et la mort se banalisent.

Dans un rapport dévoilé en février 2014, le Comité des droits de l’enfant de l’ONU se dit en effet « préoccupé par l’état de santé physique et mentale des enfants qui participent à un apprentissage de la tauromachie et aux corridas liées à celle-ci, de même que par l’état de santé mentale et l’état émotionnel des enfants spectateurs exposés à la violence de la tauromachie« .

Isabelle Nail, psychologue et ancienne conseillère municipale (Europe écologie-Les Verts) à Dax, auteur d’un livre récent sur la corrida, « Ni art ni culture », affirme avoir eu en thérapie « des enfants qui trouvaient fort amusant de voir un taureau saigner » :

« Cela me parait bizarre et très dangereux qu’un enfant de 6 ans n’ait aucune trace d’émotion. Il n’a pas la possibilité d’entrer en empathie avec l’animal car il voit des parents se réjouir du spectacle. Ce qui ressort, c’est la conduite à risque du torero représenté comme un héros, les strass et paillettes, la musique… La souffrance de l’animal, passée sous silence, est niée. Or si on n’a pas d’empathie pour les animaux, est ce qu’on peut en avoir pour les humains ? »

LES ÉCOLES TAURINES

Il existe 6 écoles taurines en France dans lesquelles des enfants sont enrôlés dès l’âge de 7 ans. Ils sont rapidement poussés à maltraiter puis tuer des veaux. Ces séances de mises à mort sont extrêmement violentes. Malgré l’unanimité des organismes de protection de l’enfance, ces écoles sont subventionnées par les collectivités territoriales et reçoivent de l’argent public.

L’existence de ces écoles n’est pas seulement choquante du fait du sort réservé aux veaux, elle va également à l’encontre de la protection de l’enfance. De nombreux psychologues soulignent le traumatisme infligé à un enfant devant mettre à mort un animal agonisant. Un directeur d’école taurine (Richard Milian) a notamment expliqué lors d’une conférence les ressorts psychologiques qu’il utilisait avec les enfants. Il leur apprend par exemple à se détacher de tout lien affectif avec l’animal pour le mettre à mort. On imagine avec horreur les conséquences de tels « enseignements » sur un jeune enfant.

LES SUBVENTIONS

La tauromachie en Espagne, au Portugal et dans le sud de la France est très largement déficitaire et ne survit que grâce à quelques subventions publiques. Cette industrie reçoit des aides financières locales, régionales, nationales et européennes. Dans tous les cas, la plus grande discrétion est observée en raison de la nature même des corridas.

En 2008, l’Union Européenne avait versé pour la troisième année consécutive plus de 42 millions d’euros pour soutenir la filière espagnole de la corrida. L’UE finance également l’entretien et la construction d’arènes avec d’autres fonds.

En France, à peine 15 % des taureaux présents dans les arènes sont issus d’élevages Français. Il en va de même pour les transporteurs. Seuls une vingtaine de toréros vivraient de la corrida en France.

Saviez-vous que les mairies et les conseils généraux achètent pour plusieurs milliers d’euros de places chaque année afin de les redistribuer gratuitement aux fonctionnaires ? Saviez-vous que ces pratiques sont passées sous silence et qu’aucun élu n’accepte d’en parler ? Saviez-vous que le monde de la corrida refuse toute enquête sur son financement et que les petits actes de corruption sont récurrents ?

Un exemple : un rapport de la cour des comptes révèle que les corridas organisées par Bayonne ont totalisé une perte de plus d’un million d’euros entre 2006 et 2012. Un désastre financier….

DES CHIFFRES

  • 40.000 taureaux sont tués chaque année en Europe par l’industrie de la tauromachie, et environ 250.000 à l’échelle de la planète.
  • 71 soit le nombre de villes Françaises où se déroulent actuellement des corridas. Plus de détails ici
  • 11 soit le nombre de départements du sud de la France où elle y est dépénalisée.
  • 125 soit le nombres de villes à travers le monde s’étant déclarées anti-corrida. Plus de détails ici
  • 64 % soit le pourcentage d’eurodéputés ayant voté la fin des subventions européennes à la tauromachie (438 sur 687) le 28 octobre 2015
  • 73 % des Français sont opposés à la corrida (sondage IFOP de 2015)
  • 72,10 % des Espagnols ne sont pas du tout intéressés par la corrida, seulement 7,40% se déclarent favorables à cette dernière (sondage Gallup de 2006)
  • 10 000 à 300 000 euros soit le cachet que peut toucher un torero pour une prestation (300 000 euros pour Enrique Ponce à Nîmes à titre d’exemple)

« L’homme a peu de chance de cesser d’etre un tortionnaire pour l’homme
tant qu’il contribuera à apprendre sur la bête son métier de bourreau. »

Léon Tolstoi

ARGUMENTS POUR LA CORRIDA

« C’est notre culture, c’est une tradition ! »

La culture et la tradition sont des termes très proches. Il y a moins d’un siècle, la femme était culturellement et sans détour considérée inférieure à l’homme. Le droit de vote des femmes n’a été obtenu qu’en 1945, la loi leur interdisait l’avortement jusqu’en 1975, le viol conjugal n’a été reconnu par la loi qu’en 1992. Concernant la corrida, il s’agit surtout de la culture de domination de l’homme envers l’animal. Il faut se rassurer, se prouver que nous dominons toujours les êtres vivants contre lesquels, à armes égales, nous ne ferions pas le poids.

À ceux qui parlent de tradition, il est clair que c’est bien loin d’être un argument. Dans le monde, certaines traditions sont considérées comme barbares et arriérées à nos yeux d’occidentaux, et pourtant, elles existent encore : l’excision en Afrique, les mariages forcés, le travail des enfants, l’esclavage…

« Si on n’aime pas ça, on n’y va pas,
mais on laisse les autres y aller. »

Ce n’est une question d’aimer ou pas, il ne s’agit pas d’une pièce de théâtre ou d’un concert, il s’agit d’éthique, de devoir de conscience, de respect de la vie, des notions qui sont inconnues autour des arènes. Faire avancer les droits d’êtres vivants dans notre société plutôt que de fermer les yeux, voilà notre combat. Nous nous mobilisons parce que c’est intolérable, et que nous voulons une société différente pour demain. La mort n’est pas un divertissement !

« Les gens sont libres de faire de qu’ils veulent,
on nous enlève des libertés. »

Et s’il existait la liberté de violer ou de tuer impunément, de quoi seraient capables les gens ? L’Homme est capable d’actes de cruauté, de barbarie, nous en avons la preuve tous les jours dans les journaux. Heureusement, des lois sont là pour limiter ces pulsions, même si certains franchissent le cap. Doit-on comprendre que ces lois limitent nos libertés ? S’amuser de la mort d’un être vivant ne doit pas être une liberté.

« C’est pire dans les abattoirs. »

À ceux qui nous parlent de nous rendre dans les abattoirs, nous répondons que nous combattons toutes formes d’exploitation animale et pas seulement la corrida. De plus, ces lieux ne sont pas une zone de spectacle où l’on se régale en public de l’agonie d’un animal. Nous sommes pour la plupart végétariens/végétaliens, et luttons pour la cause animale sous toutes ses formes (fourrure, vivisection, chasse etc …). Et les aficionados, que font-ils pendant ce temps ? Se battent-ils pour une cause quelconque ?

« Il y a plus grave, allez manifester
contre le chômage, les enfants malades… »

Doit-on hiérarchiser les luttes et ne participer qu’à quelques-unes, celles qui ne dérangent pas ? C’est un taureau que l’on va torturer et tuer à petit feu pour le plaisir de quelques personnes sadiques, et ceci avec de l’argent public. Cet argent justement, ne pourrait-il pas être plus utile à la lutte contre le chômage ou envoyé à des fondations pour les enfants malades ?

QUE POUVEZ-VOUS FAIRE ?

Comment peut-on encore débattre sur la corrida ?

Le 10 novembre, ACTA était invitée à participer à un débat sur la corrida organisé par trois associations de Sciences Po Bordeaux.

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