[EDIT : depuis la publication de ce compte-rendu le 1er mars, de nouveaux éléments ont été mis à jour et l’actualité a évolué, ce qui nous a motivé·es à ajouter une section à la suite du compte-rendu]
Le 20 février dernier, L214 diffusait des images filmées à l’abattoir Sobeval situé dans la commune de Boulazac Isle Manoire (24) et mettait ainsi en lumière des pratiques révoltantes. Ce sont 700 veaux qui y sont tués chaque jour.
Didier Guillaume, Ministre de l’agriculture, en réponse, affirmait le 23 février sur Europe 1, qu’il n’y avait « aucun souci avec l’abattoir » et dénonçait le montage d’une vidéo de maltraitance par L214. Pourtant, le 25 février, cette affaire prenait une autre dimension avec la révélation de mails internes du ministère de l’Agriculture envoyés par erreur à L214 et attestant que l’Etat avait connaissance bien avant la diffusion de ces images de « dysfonctionnements » au sein de cette entreprise périgourdine.
C’est donc tout naturellement qu’ACTA a répondu, aux côtés de l’antenne toulousaine de One Voice, des antennes Gironde et Corrèze du Parti Animaliste, de la CVN et de l’antenne de Limoges de L214, à l’appel à rassemblement citoyen de dernière minute devant le Palais de justice afin d’attirer l’attention du préfet de la Dordogne Frédéric Périssat, et du procureur de la république de périgueux Jean-François Mailhes sur les pratiques de l’abattoir la Sobeval.
Citoyen·ne·s et associations présentes souhaitent que l’affaire soit traitée sérieusement par les pouvoir publiques et juridiques. De tels agissements sont inacceptables et nous attendons tous de la part des autorités, des sanctions pénales exemplaires.
Nous étions une bonne centaine de personnes présentes dont Mauricio Garcia, premier lanceur d’alerte ayant dénoncé l’abattage des vaches gestantes de l’abattoir de Limoges (87) en 2016.
Un nouveau témoignage courageux hier de Chris, ancien salarié de l’abattoir Sobeval venu parler à visage découvert des maltraitances quotidiennes au sein de l’abattoir. […] Chris reproche également les conditions de travail et d’abattage, la course à la rentabilité, les pressions […]. [EDIT : ce témoignage était trompeur, Chris n’ayant pas travaillé à l’abattoir de Sobeval mais dans un abattoir parisien – voir plus bas la suite de l’actualité]
A noter la présence d’un ancien éleveur qui, suite à une prise de conscience sur les conditions de traitement des veaux, qu’il s’agisse de l’élevage intensif ou raisonné, après 21 ans d’activité a cessé d’être éleveur.
Un autre, Pierre L. éleveur de veaux Charolais dans le département, après avoir visionné la vidéo de L214, pense sérieusement à se reconvertir.
Pendant ce temps, et après la suspension de l’activité de l’abattoir par D.Guillaume le vendredi 28 février, la filière viande (Jeunes Agriculteurs de la Dordogne, la FDSEA 24, l’ASSELDOR, ELVEA Périgord et la Chambre d’Agriculture du Périgord) demande la réouverture de l’abattoir mardi matin menaçant une mobilisation le 3 mars si l’Etat ne répond pas favorablement à cette demande.
Par ailleurs, les élevages intensifs, bien cachés dans les campagnes les plus reculées fleurissent un peu partout dans ce département, qui risque de faire concurrence à la Bretagne. Des citoyens se mobilisent pour lutter contre cette aberration.
Pour conclure, malgré les prises de consciences mentionnées ci-dessus que nous encourageons, le déni ou l’indifférence d’autres individus nous confirme que le combat n’est pas encore gagné.
EDIT (12/03/2020)
Le 3 mars, on apprenait que Chris n’avait jamais travaillé à Boulazac mais avait extrapolé ce qu’il disait d’après son expérience dans un abattoir de la région parisienne (Sud Ouest / France Bleu). Les organisatrices de la manifestation à Périgueux ont largement démenti l’idée selon laquelle elles auraient été au courant que ce témoignage était faux, dans deux communiqués de presse, le 3 mars et le 6 mars (ci-contre).
Pendant ce temps là, dès le 3 mars les éleveurs manifestaient devant la Préfecture de Périgueux, demandant la réouverture de l’abattoir. On retiendra les méthodes habituelles avec le déversement de lisier et fumier, pour lesquelles aucune sanction n’a été annoncée (20 minutes).
Le lendemain, le 4 mars, l’abattoir rouvrait partiellement, probablement sous la pression des lobbies agricoles (La Dépêche).
Les conclusions, qui vont certainement confirmer la réouverture totale de l’abattoir, ne devraient pas tarder.